insectes casher

Manger des insectes : est-ce casher ?

Lorsque de nouveaux aliments ou modes de consommation arrivent en Europe viennent avec eux des tas de questions : est-ce que je trouve ça bon, est-ce que c’est bon pour la santé… mais aussi est-ce que ma religion autorise cet aliment ? J’ai souvent des clients juifs qui me demandent si la consommation d’insectes comestibles est compatible avec leur religion. Je suis tombé récemment sur cet article que je vous ai traduit. J’espère que celui-ci vous permettra d’en apprendre plus sur les insectes comestibles et la compatibilité des insectes comestibles avec le Judaïsme.

(article posté le 04 mars 2013)

insectes casher
Un rabbi qui n’a certainement pas peur de manger des insectes !

Au cours des derniers jours, c’est un fléau dévastateur de sauterelles qui s’est abattu sur l’Egypte, on peut désormais les compter en dizaines de millions. En Israël, le ministère de l’Agriculture a été mis en état d’alerte. Une ligne téléphonique spéciale a été mise en place, et des pesticides ont été préparés pour y faire face. Heureusement, de nos jours les technologies modernes dans le milieu agricole peuvent maintenant nous aider à éviter des catastrophes comme celle de 1915, lorsqu’une invasion de sauterelles eut lieu en Israël et mena à bien des tragédies.

Quant à moi, j’ai monté mon propre système d’alerte anticipé – un ami rencontré lors de mon service militaire est actuellement posté près de la frontière égyptienne et m’a promis de m’appeler si des essaims d’insectes faisaient mine de traverser la frontière . Pour être honnête, je serais ravi de les voir de mes propres yeux et d’en capturer  quelques centaines afin de nourrir ma collection de reptile – et d’en manger quelques-uns moi-même bien sur !

insectes casher
Un encart du New York Times datant de 1915 parlant déjà des invasions de sauterelles en Egypte.

Un fait encore souvent négligé par les croyants, c’est que non seulement la Torah permet à l’Homme de manger certains mammifères, des oiseaux et des poissons, mais également de manger certains insectes – à savoir , plusieurs types de criquets. Les juifs européens, qui n’ont pas été exposés à des essaims de criquets depuis des centaines, voire des milliers, d’années ont perdus connaissances nécessaires permettant de faire la distinction entre les différentes variétés d’insectes comestibles casher. Mais les Juifs d’Afrique du Nord ont quant à eux maintenu une tradition encore vivace de consommation de criquets casher.

Expert juif en consommation d’Insectes

L’expert sur l’identification des espèces d’insectes casher est aujourd’hui mon collègue, le Dr Zohar Amar, auteur de Ha-Arbeh b’Mesoret Yisrael. Ce dernier a identifié plusieurs espèces d’insectes pour lesquelles il existe une tradition répandue parmi les Juifs d’Afrique du Nord comme la Gregaria Schistocercia, également appelé criquet pèlerin d’Egypte. C’est même de loin l’ espèce la plus commune de criquets et ce sont les espèces qui provoquent actuellement autant de dégâts en Egypte.

Selon de nombreuses instances dirigeantes au sein de la communauté religieuse juive, même les Juifs ashkénazes peuvent s’ils le souhaitent, adopter cette tradition nord-africaine. La situation est différente de celle entourant  la cigogne, où il est traditionnel pour certaines communautés juives de le considérer comme un oiseau casher tandis que d’autres communautés prétendent que c’est un oiseau non casher. Avec le criquet, il n’existe aucune tradition ashkénaze stipulant que les criquets sont casher ou non; de fait, les Ashkénazes n’ont tout simplement aucune loi ou tradition à ce sujet. Par conséquent et selon de nombreux auteurs traitant du sujet, comme le Rabbi ‘Haïm Pinchas Scheinberg, il est possible de s’appuyer sur la tradition nord-africaine pour identifier les espèces d’insectes casher.

Expérience personnelle avec les insectes comestibles

J’ai mangé des criquets à plusieurs reprises déjà. Ils ne nécessitent pas une méthode particulière d’abattage, en fait on les tue généralement en les déposant dans de l’eau bouillante. Ils peuvent être cuisinés de mille-et-une manières. Me concernant plus particulièrement, je manque de compétences culinaires particulières et j’ai de ce fait pris l’habitude de simplement les faire frire avec de l’huile et des épices. Ma femme insiste toutefois pour que je n’utilise pas ses ustensiles de cuisine pour cela , elle n’aime pas trop le criquet. Au final, ce n’est pas le goût qui est unique, c’est l’expérience tactile d’en manger qui est unique – les criquets sont comme tous les insectes comestibles très croquants à l’extérieur avec un centre moelleux !

Les précédents et autres justifications permettant de déterminer si certains criquets sont casher ou pas peuvent en fait même être analysés au travers d’un point de vue purement pratique – quand vos récoltes sont anéanties par les criquets, au moins vous n’êtes pas laissés sans rien à manger !

Cependant, dans les sociétés occidentales modernes, manger des insectes est tout simplement dégoutant pour la plupart des gens et il est probable que beaucoup de gens voient dans les lois de la Torah sur les propriétés casher du criquet comme une relique du passé, une époque barbare et primitive. Pourtant, un article paru dans le magazine New Yorker (août 2011) a noté que, dans un monde avec une population en plein essor, les insectes comestibles sont une source de protéines beaucoup plus efficace à produire et plus respectueuse de l’environnement :

«D’un point de vue écologique , les insectes ont beaucoup d’avantages. Ils sont réputés pour leur impact minuscule sur l’écosystème. Étant de sang-froid , ils sont environ quatre fois plus efficaces pour transformer leur alimentation en viande par rapport aux bovins qui eux, gaspillent de l’énergie pour se maintenir au chaud. A poids égal, beaucoup de viandes détiennent les mêmes quantités de protéines que le boeuf alors que les sauterelles en détiennent presque trois fois plus. Elles sont également riches en oligo-éléments comme le fer et le zinc. Génétiquement, ils sont si éloignés de l’espèce humaine qu’il y a peu de risque de voir leurs maladies nous affecter, à la différence des bovins ou des oiseaux comme nous le rappelle la grippe porcine ou la grippe aviaire. Les criquets sont en plus de cela des recycleurs naturels capables de manger de vieux cartons, du fumier et des sous-produits de la fabrication d’aliments et d’élevage.

Pouvez-vous imaginer quel impact cela aurait si les Juifs devenaient connus non pas pour l’exploitation animale intensive dans des élevages industriels, mais pour avoir adopté une approche plus écologique et plus respectueuse des animaux ? En fait , manger des sauterelles ne fera pas de vous « fleishig », vous pouvez donc commander un cheeseburger aux criquets. Je vous le dis, revenons à nos racines bibliques et Bon appétit !

Si vous voulez retrouver le blog de l’auteur de cet article, allez faire un tour à cette adresse : http://www.rationalistjudaism.com/2013/03/the-locusts-are-coming-yum.html.

Publié par

Romain Fessard

J'en suis convaincu, les insectes comestibles deviendront bientôt une catégorie d'aliment à part entière, appréciés pour leurs saveurs et leurs avantages nutritionnels.

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